Je l'ai longtemps vue comme un accouchement raté...
Je suis de ces mamans qui ont eu un gros baby blues suite à une césarienne en urgence.
On ne parle pas assez de ce type d'accouchement lors des cours de préparations.
La césarienne quand tu ne t'y attend pas c'est un peu le ciel qui te tombe sur la tête, foi de bretonne !
Primipare, tu penses naïvement vivre l'accouchement idéal, tu idéalises chaque moments, chaque secondes et puis finalement rien ne se passe comme tu avais prévu et ton monde de Bisounours s'effondre...
Tu finis au bloc, sans avoir eu vraiment de contractions, en sachant que ton bébé a un soucis, qu'il est même en "détresse foetale" comme ils disent.
Et en plus ton homme n'est même pas là pour te tenir la main, te soutenir et vivre ce moment avec toi...
Puis, on fait une anesthésie locale en rachis pour les chanceuses ou générale pour celles qui le sont moins.
Pour mes deux césariennes, j'ai eu la chance (certes derrière un champs opératoire) d'entendre les premiers cris de mes bébés, de les voir de suite et même de leur faire le premier bisous.
Pour Poulpinou, j'ai mis très longtemps à dire que j'avais accouché.
A chaque "ton accouchement s'est bien passé ?" je rétorquais "J'ai pas accouché".
Pour moi, on m'avait opérée et c'est tout !
Longtemps, j'ai ressenti de la culpabilité: comme si tout était de ma faute...
Je me sentais nulle et coupable de ne pas avoir su accoucher, de ne pas avoir fait naître mon bébé, d'avoir volé ce moment unique à PapaCheri.
Est venue ensuite le retour à la maison et la peur de perdre ce bébé qui a été sauvé déjà une fois...
Le cododo a été LA solution qui m'a permise de dormir sereinement, je paniquais à l'idée de le laisser sans moi quelques minutes alors imaginez la nuit entière !
J'ai de suite était très voir trop fusionnelle avec Poulpinou, laissant PapaCheri de côté et ne lui permettant pas de faire autant qu'il le souhaitait le lien avec ce bébé tout neuf.
Je me suis aussi mise de côté, certaines personnes me diront même que je me suis éteinte...
Je ne parlais pas de ce que je ressentais de peur que l'on ne me comprenne pas.
Après tout j'avais tout pour être heureuse, j'étais devenue maman.
Mon sourire de façade a longtemps caché ma souffrance intérieure qui reprenait parfois le dessus et se transformait en mal être général.
Les mois ont passés et peu à peu j'ai refait surface...
Ma seconde césarienne, je l'ai vécue de manière très différente.
Elle était dans un coin de ma tête depuis le début de la grossesse donc je m'y étais préparée.
J'ai également beaucoup consulté le site de l'association
Cesarine qui regroupe pas mal d'informations et de témoignages sur la césarienne.
De plus, Miss Chouquette a fait la coquine acrobate et allait très bien au creux de moi même à J+6 !
PapaCheri n'aura pas pu connaître le bonheur de vivre un accouchement, d'en être lui aussi acteur.
Il me dit qu'il s'en fiche et que c'est ainsi...
Je ne saurais jamais ce que c'est d'avoir une contraction douloureuse, la sensation de la "poussée" et un tas d'autres choses.
Mes enfants vont bien, respirent de bonheur et d'amour et c'est bien là le principal.
J'ai une porte à bébés gravée à tout jamais, là, en bas de mon ventre...